Conan, histoire d'un héros, des pulps au cinéma
Né de l’esprit de Robert E. Howard, le personnage de Conan a largement évolué depuis son apparition dans les années 1930. Repris par nombre d’auteurs, le guerrier cimmérien a depuis été adapté à de multiples reprises.
Robert E. Howard : une carrière éclair mais prolifique
Conan le Cimmérien, dont les aventures à l’Âge Hyborien, paraissent dans le pulp magazine Weird Tales entre 1932 et 1936, est à l’évidence le plus fameux personnage sorti de l’imagination fertile de Robert E. Howard, maître américain de la fantasy. On l'associe à la fantasy "héroïque", également dite "sword and sorcery", sous-genre un peu artificiel car conçu à l’image de son œuvre : un héros solitaire, exceptionnel par sa force physique et ses talents de combattant, y traverse un monde violent où la magie est maléfique. Mais l’œuvre de Howard (1906-1936), qui se donne la mort à trente ans, ne se limite pas à ce héros mémorable. En une dizaine d’années, il a produit une œuvre prolifique, dans des genres divers, passant du récit de boxe aux récits historiques et d’aventure.
Sa veine fantastique/magique est aussi illustrée avec ses récits consacrés à Solomon Kane, puritain qui combat fanatiquement les démons (publiés à partir de 1928), ou à Kull le roi Atlante (rédigés de 1926 à 1930). Il a échangé une importante correspondance, débattant notamment des notions de civilisation et de décadence, avec Howard P. Lovecraft (1890-1937), créateur du "Mythe de Cthulhu" dans les pages de la même revue Weird Tales.
Dès sa parution, l’œuvre de Howard fait des émules : Catherine L. Moore avec le cycle de Jirel de Joiry (à partir de 1934) ou son époux Henry Kuttner avec Elak l’Atlante (à partir de 1938) prolongent son inspiration.
Un héritage dévoyé
Les découvertes successives de manuscrits inédits et de fragments laissés par Howard ouvrent la possibilité de prolonger les aventures du héros original. Lyon Sprague De Camp, auteur de fantasy lui-même, se les approprie, rééditant ses textes puis commençant à intervenir sur les inédits dès 1955 pour Tales of Conan. A partir de 1965, il s’adjoint l’écrivain Lin Carter pour poursuivre une entreprise qu’il qualifie de "collaboration posthume", mais dont le spécialiste Patrice Louinet, qui a proposé une édition traduite de référence rétablissant l’œuvre originale d’Howard, qualifie de "hold-up littéraire". L’esprit du personnage de Howard, pessimiste et sans illusion, est en effet trahi par une mise en cohérence chronologique qui organise les récits vers toujours plus de gloire et de pouvoir.
Toujours est-il que l’édition proposée par Lancer Books à partir de 1966, illustrée par Frank Frazetta, rencontre un énorme succès, entraînant la multiplication et l’accumulation de volumes dédiés à Conan par de multiples auteurs. Robert Jordan par exemple, auteur du célèbre cycle de La Roue du Temps (à partir de 1990), a écrit sept romans de Conan entre 1982 et 1984.
Une aura multimédiatique
Dans les années 1970, Conan devient également un héros de comics à succès. Les éditions Marvel lui inventent encore d’autres aventures inédites, avec Conan the Barbarian à partir de 1970, puis Savage Sword of Conan à partir de 1974, et enfin Red Sonja, dès 1972, inspirée de l’héroïne créée par Howard.
L’attraction pérenne exercée par l’œuvre passe également par le cinéma, avec l’interprétation d'Arnold Schwarzenegger qui marque les esprits (Conan le Barbare, John Milius, 1981 ; Conan le Destructeur, Richard Fleischer, 1984 et Kalidor : La légende du talisman, Richard Fleischer, 1985). Puis vient celle de Jason Momoa dans Conan, le remake de Marcus Nispel, sorti en 2011. L’histoire du héros de Howard se poursuit enfin en jeux de rôle et jeux vidéo, jusqu’au MMORPG Age of Conan : Hyborian Age (Funcom) lancé en 2008.
