Le manga et ses multiples facettes
Le manga regroupe une multitude de formats et de styles. Livres, séries, films, reposant sur des légendes du Japon, ou d'un Moyen Âge réinventé, il se diversifie aussi selon les publics, adolescents, filles ou garçons.
Légendes du Japon et de la Chine
Le terme générique de manga, couramment employé en français, désigne en réalité des médias différents, mais souvent connectés entre eux : les séries télévisées et les films d’animation (anime), ainsi que les bandes dessinées (manga et gekiga). On peut distinguer dans cette immense production culturelle, qui se développe principalement après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs courants majeurs de fantasy. Le premier est nettement influencé par les récits légendaires nippons, mais aussi chinois. Alakazan, le petit Hercule (1960) d’Osamu Tezuka est ainsi directement adapté de La Pérégrination vers l’Ouest, composé en Chine aux alentours du XVIe siècle. Ce même texte sert par la suite de base à l’une des plus grandes franchises de manga, Dragon Ball, commencée en 1984, et qui constitue aujourd’hui la seconde série de manga la plus vendue au monde avec près de 300 millions d’exemplaires écoulés. L’influence de cette fantasy autochtone a depuis les années 1980 largement débordé les frontières du Japon pour être lue et parfois imitée en Occident.
Moyen Âge européen fantasmé
Un autre courant s’appuie sur la fantasy occidentale, devenue, notamment grâce aux jeux de rôles et aux jeux vidéo, de plus en plus populaire dans l’archipel à partir des années 1980. Des auteurs nippons produisent alors des œuvres se déroulant dans un Moyen Âge européen réinventé, comme Les Chroniques de la guerre de Lodoss, directement inspiré de Donjons et Dragons et d’abord publié en 1988 sous forme de roman, puis de jeu vidéo avant d’être édité en manga. Pareillement, sur un ton plus sombre et violent, la série Berserk sort en 1989.
Des "magical girls" pour les lectrices
L’industrie du manga se distingue par une nette séparation genrée du public visé. Ainsi, si les œuvres citées plus haut ciblent principalement les adolescents (shonen manga), les éditeurs ont créé également une fantasy à destination des jeunes filles (shojo manga), qui aboutit à la publication de Caroline en 1962 puis, quatre ans plus tard, de Sally la petite sorcière. Cette série, vite adaptée en anime pour la télévision, pose les bases du sous-genre "magical girl". Il met en scène, dans un contexte urbain contemporain, des jeunes filles se découvrant des pouvoirs magiques qu’elles utilisent pour faire le bien autour d’elles. Rapidement, de nombreuses imitations de Sally paraissent ou sont diffusées sur les écrans, notamment la franchise Sailor Moon (commencée en 1991), vite devenue l’un des shojo manga les plus populaires.
Quand Shojo et Shonen se mêlent
Les frontières entre fantasy shonen et shojo ne sont pas imperméables. Le merveilleux japonais se distingue en effet par une capacité à mélanger les univers et les influences. Édités à partir de 1986, Les Chevaliers du Zodiaque s’inspirent ainsi des mythes gréco-latins, puis nordiques, mais aussi de la fantasy urbaine. Eiichirō Oda, l’auteur de One Piece, pioche lui dans l’imagerie des pirates du XVIIIe siècle auquel il ajoute des éléments merveilleux (univers imaginaire, peuples féeriques, magie), pour produire depuis 1997 la franchise de manga la plus populaire au monde. Pareillement, une série comme Vision d'Escaflowne, créée en 1994, emprunte aux registres shojo et shonen, mais aussi à l’esthétique des robots géants (les mecha) issus de la science-fiction.