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À la rencontre de C.S. Lewis

Par Anne Besson

Élevé dans une foi qu’il ne redécouvre qu’à l’âge adulte, Clive Staples Lewis a laissé derrière lui une œuvre immense, peuplée de mondes et de bestiaires en tout genre, mais aussi grandement liée à la religion.

Corps
1939-1945
Pendant la seconde guerre mondiale, C.S. Lewis fait passer son message religieux en animant des émissions de radio populaires appelant à garder espoir.

Une enfance marquée par l’imaginaire

Clive Staples Lewis (1898-1963) est un des auteurs de fantasy les plus importants du XXe siècle, également célèbre dans le monde anglophone pour ses travaux de critique littéraire et d’apologétique chrétienne. Né à Belfast, tôt orphelin de mère, le jeune C.S. Lewis trouve refuge dans l’invention, avec son frère Warren, du monde imaginaire de Boxen, qu’ils décrivent, illustrent et peuplent "d’animaux habillés". Ce goût venu de l’enfance ne le quittera jamais et entre plus tard en harmonie avec une foi chrétienne qui lui paraissait rébarbative dans sa jeunesse.

Ce sont notamment ses conversations avec son ami J. R.R. Tolkien, dans la ville universitaire d’Oxford où ils sont tous les deux professeurs et membres du club des Inklings, qui lui font concevoir le récit biblique comme la plus merveilleuse des histoires, et les mystères de la croyance comme ce qui demande la plus profonde immersion, l’investissement affectif le plus complet.

C. S. Lewis, Bataillon des élèves-officiers au Keble College (1917) Keble College, Oxford UK avec l'aimable autorisation de The Warden and Fellows of Keble College, Oxford/Bridgeman Images
Oxford. Magdalen College, photographie attribuée à Victor Stribeck (XIXe siècle) Bibliothèque nationale de France

Entre mythe et religion

Dès lors son œuvre romanesque sera vouée à la transmission des messages du protestantisme anglican. Les aventures que rencontre le personnage d’Elwin Ransom, philologue d’Oxford qui fait le lien entre les trois romans de la "Trilogie Cosmique", Au-delà de la planète silencieuse (1938), Perelandra (1943) et Cette hideuse puissance (1945), peuvent être qualifiées de science-fiction théologique, tant s’y mêlent des éléments de space opera, d’imaginaire arthurien, et des allégories spirituelles. Ainsi Perelandra est-elle un paradis aquatique dont Elwin Ransom prévient la "Chute" en s’opposant à son éternel adversaire, le professeur Weston, scientifique avide de progrès et de gloire désormais habité par le démon.

 

Lewis est également l’auteur d’une œuvre importante d’apologétique chrétienne, et a su apporter les consolations de la foi en animant pendant les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale des émissions de radio très populaires appelant à garder l’espoir.

Tactique du diable, de C.S. Lewis (1943) Neuchâtel et Paris, Delachaux et Niestlé [1943]
L'Armoire magique, Le Monde de Narnia, 2
de C.S. Lewis, illustré par Pauline Baynes (2003) Éditions Gallimard jeunesse

Un auteur de fantasy inspiré

L’œuvre de fantasy de Lewis est dominée par le succès de ses Chroniques de Narnia, sept volumes parus à un rythme annuel entre 1950 et 1956 pour les jeunes lecteurs. On peut également citer son roman Tant que nous n’aurons pas de visage (1956), transposition du mythe d’Eros et Psyché dans un antique royaume barbare. La sœur ainée de Psyché, la laide Orual, adresse ici ses reproches aux Dieux avant de comprendre la nature de leur présence dans la vie des hommes.

 

Quant au monde de Narnia, accessible à certains enfants, comme la fratrie Pevensie dans les premiers volumes parus, il se présente comme un chatoyant mélange de traditions merveilleuses. Ainsi y retrouve t-on des animaux parlants, des créatures mythologiques et folkloriques, des peuples et sociétés diverses dans l’attente des fils d’Adam et les filles d’Eve pour rétablir la paix et la prospérité sous la férule du lion Aslan. Les sept volumes nous font parcourir les étapes de l’histoire de Narnia, depuis la création de ce monde, racontée dans l’avant-dernier tome paru, Le neveu du magicien (1955), jusqu’à son Jugement dernier, dans La dernière bataille (1956).

Le Lion et la Sorcière blanche de C.S. Lewis, illustration de Romain Simon (1952) Éditions Hachette