Quand les femmes prennent le pouvoir
Il était une fois ...
Difficile de s’affranchir des figures imposées par Les Contes de Charles Perrault ou des Frères Grimm. Avant l’arrivée de Lyra Belacqua dans À la Croisée des mondes de Philip Pullman, les adolescentes et les femmes étaient souvent des bonnes fées, des mères courages, des marâtres, des princesses en détresse, des ogresses, ou des terribles sorcières. Les personnages féminins restent ainsi très stéréotypés et sont peu mis en avant à l’émergence de la fantasy littéraire.
La fée et cendrillon dans le potager, par Edmond Dulac (1915)
"There, said her godmother, pointing with her wand... Pick it and bring it along"
Edmund Dulac's Picture-book for the French Red Cross
London, New York, Toronto : Hodder and Stoughton
BnF, département des Sciences et Techniques, 4-V-8198
© Bibliothèque nationale de France
Les personnages féminins chez Tolkien
Dans Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien publié entre 1954 et 1955, Arwen, Eowyn et Galadriel ne sont que des seconds rôles, mais elles marqueront l’imaginaire des lecteurs. L’adaptation cinématographique du roman leur fait une plus grande place. La folle chevauchée d’Arwen face aux terribles Nazgul et la destruction du Roi Sorcier par la vaillante Eowyn restent des séquences inoubliables des films de Peter Jackson.
Le renouveau du genre
La roue tourne à partir des années 1960 avec l’éclosion d’une nouvelle génération de romancières. Poétesse fascinée par l’anthropologie, Ursula K. Le Guin avec son Cycle de Terremer intègre la sensibilité des personnages aux vastes quêtes traditionnelles de fantasy. L’émergence de Robin Hobb et sa vision des dragons dans L’Assassin Royal, ou la réécriture de la légende Arthurienne du point de vue des femmes par Marion Zimmer Bradley dans les années 1980, auront un impact significatif sur le public.
Elles ont marqué la fantasy
Nous sommes des volcans. Lorsque nous, femmes, offrons notre expérience comme notre vérité, comme vérité humaine, toutes les cartes changent. De nouvelles montagnes apparaissent.
Comme mon narrateur était un personnage masculin, j’ai choisi un prénom sans connotation féminine ou masculine pour que le lecteur rentre plus facilement dans l’histoire et que le genre de l’auteur ne constitue pas un problème.
Jadis on m’a donné les noms les plus divers : ceux de sœur, d’amante, de prêtresse, de mage et de reine. Aujourd’hui, le temps de la sagesse venu pour moi, je pense proche le jour où ces choses devront être connues.
Le succès de J.K. Rowling
Avec le succès colossal de J.K. Rowling à l’aube des années 2000 pour sa saga Harry Potter, et la popularité de son héroïne Hermione Granger, les femmes prennent pleinement leur place et des héroïnes moins manichéennes apparaissent enfin au grand jour. La France connaitra aussi une évolution avec le personnage d’Ayesha conçu par le tandem Ange, et la fascinante combattante imaginée par Justine Niogret dans son diptyque Chien du Heaume et Mordre le Bouclier.
Des héroïnes dans les séries
Le vent du renouveau souffle massivement du côté du petit écran au milieu et à la fin des années 90. Aussi forte qu'Hercule, Xena La Guerrière, interprétée par Lucy Lawless, est une première icône incontournable, rejointe par Sarah Michel Gellar dans Buffy contre les Vampires. Josh Whedon inverse le cliché de la jolie et naïve lycéenne blonde des films d’horreur américains, et en fait une redoutable chasseuse de monstres. Peu après, la sororité des sorcières Halliwell dans Charmed viendra aussi bousculer les codes.
Les femmes prennent le pouvoir dans Game of Thrones
Vingt ans plus tard, Arya Stark, Daenerys Targaryen et Sansa Stark deviennent des figures mondiales grâce à l’adaptation de Game of Thrones de Georges R.R. Martin. Les femmes ont maintenant le pouvoir, elles peuvent abattre le Roi de la Nuit, chevaucher des dragons, diriger des royaumes et faire rêver les foules. En sortant de leurs cases et des figures imposées, les autrices comme les héroïnes écrivent l’avenir de la fantasy.
