Un héritage chrétien bouleversé
L'inspiration biblique
Avec le lion Aslan du monde de Narnia, C.S. Lewis représente un symbole divin, enseignant aux enfants les valeurs chrétiennes. Intègre et moral, le félin s’impose comme la bonne conscience et la divinité protectrice de la saga. Il se sacrifie pour racheter les pêchés d’Edmund, et apparaît à plusieurs reprises comme une figure christique. Les symboles religieux traversent les époques, comme la coupe du Graal réinventée par les Monty Python ou Indiana Jones. Et chez Tolkien, comment ne pas voir Morgoth, le maître de Sauron, comme le Lucifer de la Terre du Milieu ?
Ange ou démon ?
Entre les anges, les archanges et les démons, le jeu vidéo Diablo ou encore la série télévisée Good Omens, adaptée du livre De bons présages de Neil Gaiman et Terry Pratchett, n’hésitent pas à piocher allègrement dans l’imaginaire biblique. L’approche humoristique est l’apanage de Terry Pratchett. Dans le Disque-Monde, il suffit qu’une personne croie en un dieu pour que celui-ci existe et disparaisse quand la croyance s’estompe. Cette vision poétique de la spiritualité fut également popularisée par la bande dessinée Lanfeust de Troy.
Good Omens
Série télévisée britannique en 6 épisodes diffusés en 2019
Adaptation du roman De bons présages (Good Omens) de Terry Prachett et Nail Gaiman
Scénario de Nail Gaiman et réalisation de Douglas Mackinnon
Avec Michael Sheen (Aziraphale) et David Tennant (Crowley)
© BBC Studios - Amazon Studios - Narrativia - Salt River Studios - The Blank Corporation
La chasse aux sorcières
Moins idéalistes, des œuvres attaqueront frontalement l’Eglise et la théocratie, faisant écho aux heures sombres des religions monothéistes et à l’obscurantisme. Dans sa saga littéraire du Sorceleur, alias The Witcher, le polonais Andrzej Sapkowski réécrit la folie de l’inquisition et des bûchers des sorcières. The Witcher se fera aussi connaître par ses adaptations en jeu vidéo et en série télévisée. Voir des prêtres traquer des magiciennes devient ainsi une figure d’affrontement classique dans le genre de la fantasy.
Le fanatisme religieux
Dans sa fantasy uchronique du Cycle de Mithra, la romancière Rachel Tanner imagine le culte indo-iranien annihiler le christianisme et soumettre à un dieu unique les provinces où les rites anciens existent. Dans Game of Thrones, les ecclésiastiques combinent cruauté, pogroms et mensonges. La critique du messianisme religieux prend tout son éclat dans la fresque épique Ayesha, La Légende du Peuple Turquoise écrite par le tandem Anne et Gérard Guéro, alias Ange. Le peuple turquoise devient une métaphore du peuple juif pendant la Rome antique, ou de la fuite de Moïse dans le désert.
Contre l'endoctrinement religieux
Critiquer la religion n’est pas toujours une sinécure. Ainsi Philip Pullman a-t-il dû affronter des critiques suite à sa trilogie À la croisée des mondes (His dark Materials). Profondément athée et anticlérical, l’auteur aux millions d’exemplaires vendus narre les mensonges du Magisterium calqué sur l’Église Catholique Romaine et les mutilations que subissent les enfants avec la terrible "intercision".
Le druidisme et le chamanisme
La fantasy privilégie souvent les spiritualités liées à la nature, d’inspiration druidique ou chamanique. L’important pour les auteurs est de souligner la communion des personnages avec les esprits élémentaires, lesquels permettent de guider, voire de soigner les êtres humains. C’est ainsi que les druides et les chamanes font partie des figures privilégiées du jeu de rôle, où ils servent généralement de soigneur pour le groupe d’aventuriers.
Magie et ésotérisme
Certains motifs récurrents de la fantasy mêlent de façon volontairement floue différentes inspirations religieuses, comme l’usage de prophéties et la vision de la magie comme héritage ancestral. La spiritualité est généralement liée à des pratiques religieuses ou magiques, depuis les prières jusqu’aux manifestations miraculeuses, qui permettent de rendre visible le divin ou le surnaturel.
